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Ethnicite et Multipartisme au Nord-Cameroun


Ibrahim Mouiche

Abstract

La démission du Président Ahidjo et l\'avènement de M. Biya en 1982 ont déterminé de mutations profondes au niveau de la superstructure dont l\'impact sur les différentes composantes du Nord-Cameroun a été évident. Surtout, à l\'ancien «projet hégémonique peul-musulman», Biya va opposer un «contre projet kirdi» en émancipant ces derniers. Et avec le retour au multipartisme au Cameroun en 1990, le Nord va être soumis à un retournement dans la gestion de l\'ethnicité, les élites des différentes communautés tentant de trouver une nouvelle rationalité, de définir des objectifs et d\'apprécier l\'ensemble des ressources leur permettant de bénéficier avantageusement de la rente politique et de se positionner stratégiquement au niveau local et national.
Cette étude qui est une sociologie électorale du Nord-Cameroun est articulée sur deux parties: d\'une part, nous nous efforçons de montrer comment l\'instrumentalisation de l\'ethnicité dans la vie politique du Nord-Cameroun trouve son historicité dans la consécration précoloniale, coloniale et postcoloniale de l\'hégémonie musulmane (sous la houlette de l\'ethnie peul) sur les Kirdi et des Kotoko sur les Arabes. D\'autre part, il est question des regroupements politiques et des facteurs qui déterminent le comportement électoral des populations du Nord-Cameroun du Nord-Cameroun en rapport avec l\'ethnicité.
Ce que l\'on peut retenir, est que la crise économique rampante et la crise de la succession présidentielle de 1982,couplée de la politisation de l\'ethnicité et de la démocratisation autoritaire du régime du Président Biya, a conduit à la bipolarisation de la vie politique de cette région mais aussi et surtout à la perturbation de ses tendances électorales. Ainsi, alors que le Nord était considéré comme le fief du parti de l\'UNDP du Peul Bouba Bello Maïgari, chaque consultation électorale voit son électorat se «volatiser» au profit du RDPC du Président Biya, lequel est en passe de devenir un parti dominant dans cette région du pays. Le MDR, petit parti «tribunitien» toupouri localisé dans les zones toupouri de l\'Extrême-Nord a subi le même sort pour perdre son rôle tribunitien. Tous ces facteurs de perturbations posent le problème de la création des conditions politiques, économiques, sociales et culturelles, d\'un ancrage profond et irréversible de la démocratie.


(A. J. of Political Science: 2001 5(1): 46-91)

Journal Identifiers


eISSN: 1027-0353