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Comparaison de la chirurgie conservatrice et de la néphrectomie totale élargie dans le traitement du cancer du rein: Expérience Lyonnaise


G Pasticier
M Colombel
S Touzet
M Halila
L Badet
JM Maréchal
A Gelet
X Martin
JM Dubernard

Abstract

Objectifs: Les bons résultats obtenus ces 20 dernières années dans le traitement du cancer du rein par chirurgie conservatrice pour des indications de nécessité et l'augmentation croissante du nombre de nouveaux cas de petites tumeurs du rein incitent certains auteurs à proposer un traitement conservateur du cancer du rein en tant qu'indication élective. Par opposition, d'autres avancent le risque de multifocalité et de récurrence par cette approche et préfèrent s'en tenir à la référence qui est la néphrectomie totale élargie. Nous présentons les résultats d'une étude rétrospective incluant 2 groupes de 62 patients opérés dans notre service pour cancer du rein ; le groupe 1 a eu une chirurgie conservatrice (CC) et le groupe 2 une néphrectomie totale élargie (NTE).

Matériel et méthode : Entre 1988 et 1999, plus de 900 patients ont été opérés dans notre service pour cancer du rein. Nous avons comparé les résultats de la CC (néphrectomie partielle et/ou tumorectomie) à ceux de la NTE à partir de 2 groupes de même effectif (n=62), en terme de morbidité, évolution de la fonction rénale, efficacité carcinologique et survie. Les patients ont été appariés selon le sexe, la date d'intervention, le grade et le stade tumoral (classification TNM 1997).

Résultats : Le recul moyen est supérieur à 5 ans pour les deux groupes. L'âge moyen est de 61 ans, le sex ratio de 1/2,2.La distribution des stades est pour les deux groupes : pT1 et pT2: 78%, pT3a: 16%, pT3b: 4%, pT3c: 2%. Celle du grade nucléaire de Fuhrman : 1 et 2: 77% ; 3 et 4: 23%. Morbidité : La durée d'hospitalisation a été de 15,5 jours pour le groupe 1 (CC) et 11 jours pour le groupe 2 (NTE) (p = 0,03) ; le taux de transfusion a été de 30% pour le groupe 1 contre 5% pour le groupe 2 (p<0,001). L'évolution des taux de créatininémie dans les deux groupes ne retrouve pas de différence significative. Le taux de complications tout venant est de 32% contre 8% pour les groupes 1 et 2, respectivement (p = 0,001). Efficacité carcinologique : Il y a eu 11% de marges positives dans le groupe 1 et 0% dans le groupe 2 (p = 0,013).La récurrence locale est de 11% dans le groupe 1 et nulle dans le groupe 2 (p=0,013) ; la récurrence métastatique est identique dans les deux groupes (9,7%). Survie : la survie globale à 10 ans est 60% et 70% pour les groupes 1 et 2 (p = 0,3) ; la survie spécifique à 10 ans est de 82% (groupe 1) vs 84% (groupe 2) (p = 0,11). L'analyse intrinsèque du groupe « chirurgie conservatrice » retrouve une survie spécifique de 100% pour les indications électives contre 70% pour les indications impératives (p=0,003).

Conclusions : Cette étude rétrospective nous montre que si la chirurgie conservatrice est plus morbide que la néphrectomie totale élargie, ses résultats en terme de survie sont équivalents à ceux de la néphrectomie totale élargie. Le nombre croissant de découverte de petites tumeurs du rein infra-cliniques chez des patients de plus en plus jeunes nous amène à envisager la chirurgie conservatrice comme une alternative à la chirurgie élargie en première intention sous réserve de bien sélectionner les cas.

Comparison of Conservative Surgery and Radical Nephrectomy in the Treatment of Renal Cell Carcinoma: Lyon Experience

Objective: Due to the good results obtained during the past 20 years with conservative surgery for the treatment of renal cell carcinoma and the increasing number of cases of small sized renal tumors many authors advocate nephron-sparing surgery as procedure of choice in selected cases. Others underline the risk of multifocality and thus the risk of recurrence and still consider radical nephrectomy the gold standard. We present the results of a retrospective study including two groups of 62 patients each operated on for renal cell carcinoma at our department: Group 1 underwent conservative surgery (CS) and Group 2 had a radical nephrectomy (RN).

Patients and Methods: Between 1988 and 1999, more than 900 patients with renal cell carcinoma were operated at our institution. Considering two groups of 62 matching patients each, we compared the results of conservative surgery (partial nephrectomy and/or tumorectomy) to those of radical nephrectomy in terms of morbidity, renal function, disease control and survival. The patients were matched according to sex, date of intervention, nuclear grade, pathological stage (UICC classification 1997).

Results: The median follow-up was 5 years in both groups. The mean age was 61 years, the sex ratio = 1: 2, 2. For both groups, pathological stage and nuclear grade were distributed as follows: pT1 and pT2: 78%, pT3 a 16%, pT3b 4%, pT3c 2%. Fuhrman grade 1 and 2: 77%; 3 and 4: 23%. Morbidity: Mean hospitalization was 15,5 days for Group 1 (CS) and 11 days for Group 2 (RN) (p= 0,03). The transfusion rate was 30% for Group 1 and 5% for Group 2 (p < 0,001). There was no difference between the two groups in terms of variation of serum creatinine level before and after surgery. The complication rate was 32% and 8% for Groups 1 and 2, respectively (p = 0,001). Cancer-related results: 11% positive margins were found in Group 1 and none in Group 2 (p = 0,013). Local recurrence was noted in 11% of cases in Group 1 and none in Group 2 (p = 0,013). Metastatic recurrence was the same in both groups (9,7%). Survival: The 10-year overall survival was 60% and 70% for Groups 1 and 2, respectively (p = 0, 3). The 10-year disease-free survival was 82% (Group 1) and 84% (Group 2) (p = 0, 11). Within the CS group, the 10-year disease-free survival was 100% for elective indications and 70% for imperative indications (p = 0,003).

Conclusions: In our series conservative surgery had a higher morbidity than radical nephrectomy. However, no statistical difference was noted between the two groups in terms of overall and disease-free survival. As far as renal tumours are now widely discovered at an infraclinical stage in patients with a longer life expectancy, we think that conservative surgery must be considered in first intention in selected cases.

African Journal of Urology Vol.10(3) 2004: 212-223

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eISSN: 1110-5704