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LA PARTICIPATION DES POPULATIONS ANALPHABETES A L’ELABORATION DES ORIENTATIONS STRATEGIQUES POUR LE DEVELOPPEMENT DE LEURS ACTIVITES


RC Tossou

Abstract

La planification a été, pendant longtemps, l’oeuvre des structures d’intervention et dans une moindre mesure des populations rurales lettrées. C’est dans le souci de combler cette insuffisance que nous avons choisi, dans le cadre des planifications sectorielles, de travailler dans un secteur dominé par des analphabètes. L’expérience qui a servi de base à la rédaction du présent article a été menée dans le Département du Zou au Bénin avec des femmes et hommes analphabètes du secteur
du commerce et de l’artisanat de service. La méthodologie utilisée est celle de la recherche-action, méthodologie par laquelle le chercheur joue un double rôle : celui d’acteur et celui d’observateur des actions en cours. Ces travaux ont permis de constater que malgré leur analphabétisme, ces acteurs peuvent contribuer à une bonne planification du développement de leur secteur d’activité s’ils sont placés dans les conditions idéales avec des méthodes de facilitation appropriées. Ainsi, les résultats de cette recherche-action ont montré que les populations analphabètes des
milieux ruraux ont soif d’être responsabilisées pour le développement de leur secteur d’activités. Ainsi, malgré les contraintes de tous genres inhérentes aux conditions spécifiques des femmes, une bonne délimitation des tâches à accomplir, la création d’un contexte de facilitation assez flexible, et surtout le choix de la langue locale
comme canal de communication créent les conditions propices pour une participation effective et efficace des analphabètes à la prise des décisions qui les concernent et les affectent. Par conséquent, il s’avère donc nécessaire d’opérer des transformations de mentalité et de comportement au niveau des intervenants pour réduire ce fossé linguistique qui existe entre lettrés et analphabètes, fossé qui s’élargit de plus en
plus et qui ne facilite pas les interactions et ne valorise pas les perceptions, connaissances et compétences locales. Il y va du succès de la décentralisation tant attendue des populations et les partenaires au développement. Une bonne expression de la démocratie à la base et une gestion transparente des affaires publiques ne pourront être réalisées sans une communication efficace. Le présent article, après une description de l’expérience et des mécanismes d’implication des analphabètes, a fait ressortir, à travers une discussion des résultats, les leçons qui en découlent.

 

Development planning has been for a long time implement by intervention
structures and in a least measure by literate farming people. The research carried out here attempted to bridge this gap and reduce these weaknesses. The basic experience from which the present article was drawn took place in the Zou Department in the centre part of Benin with illiterate women and men of the sectors of trade and service handicrafts. An action-research methodology was used. In such research situation, the role of the researcher is twofold: actor and observer of the social action. This work showed that, in spite of their illiteracy, actors could well contribute to the planning of the development of their sectors of activity if they are
placed in ideal conditions with suitable facilitation methods. It appeared also that the illiterate populations of rural areas were thirsty to be given responsibilities for the development of their activities. Whatever were obstacles derived from the cultural tasks of female the population specifically, a good distribution of tasks to be accomplished, the setting up of a flexible facilitation context and especially the choice of the local language as communication channel created favourable conditions
for an efficient involvement of the illiterates in decision-making processes that concern and affect them. Therefore, it urged to operate some transformations in the mentalities and behaviour of the intervention agents in order to reduce the linguistic gap that exists between literate and illiterate since this gap was growing more and more and did not facilitate interactions and perceptions crossing, knowledge and local expertise. Decentralization could then succeed as people and development
partners expect. A good expression of democracy at grassroots level and a
transparent management of public affairs could not be achieved without an efficient communication. Through the description and analysis of the action-research methodology and participation mechanisms, this article tries to draw relevant lessons for the work with rural people.


Journal Identifiers


eISSN: 1659-5009