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Comment les systèmes agricoles oasiens font-ils usage du travail et de l’eau ? Effets sur les revenus des exploitations de polyculture élevage


Mohamed Taher Sraïri
Khaoula Bentahar

Abstract

Dans cet écrit nous présentons l’importance relative des productions végétales et animales pour les revenus des systèmes de production agricoles oasiens au Maroc. En effet, dans ce contexte très aride, l’irrigation est obligatoire pour permettre le développement des cultures. Ces dernières sont en nombre limité, installées le plus souvent sous les palmiers, à l’exception de la pastèque dans cette étude. En outre, les ménages tirent profit de leurs troupeaux par un approvisionnement en proteins de haute valeur ainsi que des revenus issus des ventes de lait et d’animaux. Les activités agricoles s’apparentent plus à du jardinage, du fait de l’exiguïté des parcelles, et les usages de travail sont donc vitaux pour la résilience des exploitations, mais ils doivent être caractérisés précisément. Pour ce faire, et déterminer l’efficience de l’usage du travail mobilisé dans les cultures et nous avons sélectionné six exploitations représentatives de la diversité des situations de polyculture élevage rencontrées dans la région. Les durées annuelles de travail ont été déterminées pour les cultures et l’élevage selon la méthode du « Bilan Travail ». Les marges brutes correspondantes aux cultures et à l’élevage ont aussi été calculées. Un suivi des volumes d’eau utilisés et leurs origines (précipitations, irrigation à partir des eaux de surface et souterraine, et eau virtuelle - correspondant aux achats d’aliments de bétail -) a été réalisé. Les résultats ont montré que les palmiers dattiers et l’élevage mobilisent l’essentiel du temps de travail et de l’eau, créant plus de 90 % des revenus. Ces résultats suggèrent que les mesures d’appui aux systèmes agricoles oasiens devraient cibler en priorité ces spéculations, en cherchant à augmenter les revenus issus des palmiers dattiers (par des circuits maîtrisés de commercialisation des dattes) et en améliorant la productivité de l’élevage. A l’opposé, la promotion de cultures nouvelles, telles que la pastèque, qui se développe principalement dans les aires d’extension des oasis peut s’avérer problématique, puisqu’elle amplifie la rareté de l’eau en épuisant les nappes sans être systématiquement associée à de meilleurs revenus, du fait de la volatilité des prix de vente.


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eISSN: 2421-9037
print ISSN: 1638-2714