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De <i>bul faale à Y’en a marre</i> : continuités et dissonances dans les dynamiques de contestation sociopolitique et d’affirmation citoyenne chez les jeunes au Sénégal


Mamadou Dimé

Abstract

L’histoire sociopolitique sénégalaise est parsemée d’épisodes de mobilisation des jeunes au cours desquels ils ont exprimé, par des formes violentes, par l’art ou par le discours des formes de défiance, de contestation et de dissidence vis-à-vis du pouvoir politique notamment. C’est le cas du phénomène bul faale (en wolof, « t’en fais pas ») dans les années quatre-vingt-dix où la jeunesse urbaine a posé des actes de dissidence politique et sociale grâce au puissant instrument de dénonciation sociopolitique qu’est le rap. C’est aussi le cas à la fin des années 2000 où les jeunes ont violemment contesté le régime du président Abdoulaye Wade. Le mouvement Y’en a marre a joué un rôle crucial dans cette contestation en cherchant notamment à susciter, à capter et à instrumentaliser la colère juvénile qui s’est extériorisée au cours des années 2011 et 2012. Tout en retraçant les dynamiques juvéniles de contestation sociopolitique et d’affirmation citoyenne au Sénégal, notre recherche propose une analyse comparative entre le phénomène bul faale et l’actuel mouvement Y’en a marre. À travers une analyse des acteurs et des péripéties des deux mouvements, des « états de service » qu’ils revendiquent ou qui leur sont associés (« déracinement du baobab socialiste » et chute d’Abdoulaye Wade) et des contextes socio-économiques et politico-institutionnels de leur éclosion et de leur évolution, nous mettons en évidence les permanences et les ruptures dans les dynamiques juvéniles de contestation sociopolitique.

Mots clés: jeunesse, contestation politique, critique sociale, pouvoir, Sénégal, citoyenneté, démocratisation, précarité

English Abstract

Senegal’s socio-political history is punctuated by episodes of youth commitment in which they expressed themselves through violent forms, using arts or speech forms of defiance, protest and dissent vis-à-vis the political power. It is the case of “bul faale” phenomenon (meaning in wolof, «don’t mind») in the 90s when urban youth performed acts of political and social dissent through the powerful tool of socio-political denunciation that is rap music. It was also the case in late 2000s when young people violently braved the regime of President Abdoulaye Wade. “Y’en a marre” movement (in wolof, “we are fed-up”) played a crucial role by arousing, capturing and exploiting juvenile anger in 2011 and 2012. This paper aims to retrace the dynamics of juvenile sociopolitical contestation and citizenship affirmation in Senegal. We focus on a comparative analysis of “bul faale” and “Y’en a marre”. Through an analysis of the actors and the vicissitudes of the two movements, their “achievements” («uprooting the Socialist baobab» and Abdoulaye Wade’s fall), the socio-economic and political-institutional contexts and their evolution, we highlight the continuities and discontinuities in the socio-political contestation by juvenile dynamics.

Keywords: youth, political protest, social criticism, power, Senegal, citizenship, democracy, poverty


Journal Identifiers


eISSN: 0850-3907