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Ecriture romanesque burkinabè: une écriture hétérogène, des textesentre écrit et oral


P K Somé

Abstract



Le lecteur franco-français qui parcourt un certain nombre de romans burkinabè sera certainement surpris voire dérouté par les transitions temporelles dont on pourrait dire qu'elles sont souvent atypiques et que les puristes de la langue stigmatiseraient sans
appel. Or la plupart du temps, ces transitions sont des manifestations de potentialités inhérentes au système temporel du français. Certaines théories linguistiques, comme celle de Benveniste, à condition de ne pas en faire une application mécanique
un peu caricaturale comme c'est souvent le cas, permettent de rendre compte de ces «zones de turbulence» comme on a pu les nommer. Cet exposé a pour objectif de montrer comment, pour la grande majorité des romans burkinabè, dans ce jeu de
transitions temporelles, le PC va jusqu'à flirter avec le PS et le PQP, le PRES avec l'IMP, le FUT avec le COND dans tous les espaces narratifs, et cela, dans la plus grande légalité linguistique. L'explication consiste à voir dans ces transitions souvent imprévisibles,
le résultat d'une alternance, d'un télescopage entre deux modes de narration, deux postures énonciatives du narrateur (diégétisation liée, diégétisation autonome). Cette alternance-télescopage peut aussi secondairement être interprétée comme une
oscillation du narrateur entre une narration écrite et une narration orale. On pourrait voir dans ce phénomène une forme d'intrusion, d'irruption, pas nécessairement consciente, de l'oralité dans l'écriture. D'où le caractère hétérogène de ces textes pris entre écrit et oral… une des tendances manifestes de l'écriture romanesque burkinabè.

Keywords: Temporalité verbale, sémantique, analyse du discours, littérature francophone

Tydskriff vir Letterkunde Vol. 44 (1) 2007: pp. 215-231

Journal Identifiers


eISSN: 2309-9070
print ISSN: 0041-476X