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Mbandaka-Coquilhatville (1883-2002). Echec d'un plan de développement exogène. Une lecture par la chanson populaire


Motingea Mangulu

Abstract

Résumé


Notre exposé est un examen de la situation sociale de la ville de Mbandaka (RDC) de l'époque coloniale à nos jours à travers deux séries de chansons populaires.


Le but est de montrer d'abord comment et pourquoi cette ville, peut-être comme d'autres, est restée indifférente vis-à-vis de l'action civilisatrice de grande envergure menée par la politique coloniale pour son développement socio-économique.


Il s'agit ensuite dans le même ordre d'idées de chercher à comprendre pourquoi, malgré la crise sociale commencée dans les années 1975, conséquence de la zaïrianisation, les pillages qui ont précédé la chute de Mobutu, le non paiement des salaires aux fonctionnaires de même que les atrocités de la guerre civile dont le front ennemi au gouvernement, celui du MLC, se trouve à quelque 150 km en amont, la terre n'a pas tout cessé de tourner à Mbandaka comme telle. On y vit encore tant bien que mal.


Les animateurs du nouvel ordre social ne sont pas cependant les Mongo, qui constituent la majorité au sein de la population, mais les riverains appartenant aussi bien au groupe le plus anciens (Libinza, Makutu, Baloi) qu'à celui de nouveaux venus de la Province Orientale qu'on groupe sous le nom générique des Lokele. Ces riverains qui n'étaient en 1954 que 3.724 contre 16.420 Mongo (De Thier 1956: 112) ont su devant la faillite de l'Etat et l'arrêt du circuit économique moderne rétablir de manière spontanée le circuit commercial traditionnel (Mumbanza 1979, Van Leynseele 1979) par l'organisation de divers marchés hebdomadaires sur le fleuve, la Ruki, l'Ikelemba et l'Ubangi; sans lesquels aucun vol civil ne pourrait plus faire escale à Mbandaka. Malheureusement, ils doivent en faire les frais: l'administration urbaine à tous les échelons fonctionne grâce aux taxes de toute sorte perçues auprès de ces malheureux qui se battent pour leur survie.


Mots-clés: Baloi, chansons populaires, développement, Libinza, Lokele, Makutu, marchés, Mbandaka, Mongo, politique coloniale, zairianisation


Abstract


Our essay is an examination of the social situation in the town of Mbandaka (RDC) from colonial time until today. This is done by means of two sets of popular songs.


Our goal is to show how and why this city, maybe as others, remained opposite to the large-scale civilizing action led by the colonial authorities for its socio-economic development.


Also, we try to understand why, in spite of the social crisis since 1975, the depredations that preceded the fall of Mobutu, the non payment of the wages of the civil servants as well as the atrocities of the civil war, the earth didn't stop turning in Mbandaka. One lives there again somehow.


However, the animators of the new social order are not the Mongo, who constitute the majority of the population, but the residents belonging to the oldest group as well (Libinza, Makutu, Baloi) and the newcomers from the Oriental Province, known under the generic name of the Lokele. These residents, who in 1954 were about 3.724 against 16.420 Mongo (Thier 1956: 112), have been able, before the bankruptcy of the state and the stop of the modern economic circuit, to re-establish spontaneously the traditional commercial circuit (Mumbanza 1979, Van Leynseele 1979) by the organization of various weekly markets on the rivers Ruki, Ikelemba and Ubangi. Unfortunately, this comes with a cost: the urban administration at all levels, functions thanks to taxes of all sort collected from these poor wretches who fight for their survival.


Keywords: Baloi, colonial politics, developpement, Libinza, Lokele, Makutu, markets, Mbandaka, Mongo, popular songs, zaïrianisation


Annales Æquatoria 24(2003): 179-204

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eISSN: 0254-4296